L’utilisation de technologies d’identification et de reconnaissance représente la violation ultime de l’intimité de l’individu sur l’espace public. Sans discuter immédiatement de la technologie elle-même, il est important de se rendre compte des problèmes de droits humains qui sont directement posés par l’utilisation d’une telle technologie, que ce soit par l’État ou par une entreprise privée. Le traçage des déplacements et l’identification continue des habitants du territoire suisse sont une violation claire et nette de la sphère privée, l’un des droits les plus fondamentaux des individus. Une surveillance constante de la population pose ainsi des problèmes éthiques strictement incompatibles avec le principe-même de démocratie, qui n’est pleinement fonctionnelle que si le peuple et l’État s’accordent une confiance mutuelle et réciproque. Cette surveillance fait voler en éclat cette confiance. La liberté d’être soi-même disparaît alors au profit d’une conformité dangereuse et d’une auto-censure forcée.
La surveillance constante implique également des problèmes de santé publique. Le citoyen conscient d’être sous observation permanente est soumis à un stress supplémentaire qui vient s’ajouter à toutes les sources de stress déjà présentes dans notre mode de vie. Les citoyens avec un haut taux de stress sont moins heureux, moins productifs, plus enclins à la dépression, aux violences domestiques et à la prise de décision épidermique.
Les études montrent que la surveillance automatisée n’augmente pas la sécurité. Il s’agit donc d’une dépense inutile qui cache les enjeux sociaux à la source de la criminalité derrière cet écran de fumée pseudo-sécuritariste qu’est la collecte routinière des données de citoyens.
L’utilisation d’une technologie avancée dans un but clairement anti-humaniste est tout ce qui est combattu par les mouvements progressistes, que cette exploitation soit le fait de l’État ou d’une entreprise privée. Il s’agit d’un inacceptable détournement mercantile et sécuritariste d’une technologie qui devrait uniquement servir au bénéfice de l’ensemble de la communauté.